Nous avons interviewé Roland Eymar, directeur de l'agence Alpha Détective International, spécialisée en recherches et enquêtes internationales privées, pour mieux les connaître, lui et son agence de détectives privés.
- Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?
Mon parcours est le suivant : formation universitaire classique en droit (civil, pénal, administratifs, commercial, financier, etc.), puis concours d'accès aux Écoles Supérieures. Après deux années passées en École Supérieure, je suis entré dans des institutions nationales ayant également une envergure internationale.
J'ai occupé des postes variés, dans ces organismes spécialisés dans la recherche et l'exploitation du renseignement, dans la gestion de crises, dans la protection du patrimoine scientifique, industriel, écononomique, financier, dans la communication et dans l'investigation judiciaire.
Les postes que j'ai occupés sont notamment : "Chef d'un bureau d'études et de programmation budgétaire", "Ingénieur chef de Département Sûreté-Protection", "Chef de Cabinet ", "Chef de Brigade Régionale", "Chef de Détachement Outre-mer", "Chargé de mission". Et ceci durant une vingtaine d'années. Fort de ce parcours et ayant atteint un grade supérieur suffisant, j'ai choisi de prendre un nouveau départ en créant ma propre agence d'investigations privées.
- Comment est née votre agence ? Quelle est son histoire ?
M'étant retiré sur l'île de Saint-Martin, dans les Antilles françaises, je me suis aperçu que les îles du nord de la Guadeloupe (Saint-Martin et Saint-Barthélémy) bien qu'acceuillant une population à fort revenu, et notamment beaucoup de touristes américains, n'avaient pas de détectives privés in situ.
J'ai donc demandé les autorisations ministérielles et préfectorales pour pouvoir exercer cette profession. Étant titulaire des diplômes nécessaires, j'ai obtenu ces agréments et j'ai ouvert mon agence, Alpha Détective International, début 2010. L'île de Saint-Martin étant double (une partie française, une partie néerlandaise), mon agence est rapidement devenue "internationale".
L'anglais est la principale langue parlée sur l'île avec, ensuite, le français, le néerlandais, l'espagnol et le créole haïtien. Tous les membres de mon équipe et les consultants auxquels je fais appel sont bilingues voire tri ou quadrilingues. Personnellement, je suis trilingue (français, anglais, allemand) et je me débrouille plutôt bien avec le créole et relativement pas trop mal avec le néerlandais.
Je me suis entouré d'une équipe de spécialistes et experts dans des domaines aussi divers que l'informatique (malveillance, piratage, etc.), le médical (faute médicale, etc.), le profilage, la psychologie, le secteur financier, le secteur alimentaire, le transport, le droit (avocats, huissiers de justice, anciens magistrats, etc.), l'immobilier, etc.
Ces collaborateurs me permettent d'aborder toutes les formes de problématiques liées aux besoins de mes clients. Mon concours aux difficultés rencontrées par mes clients est global. Il aborde tous les aspects du dossier.
- Quels sont les prestations que vous proposez ?
Concernant les prestations, il s'agit de toutes les investigations sans limites territoriales. Cela va de l'enquête classique pour adultère, aux contre-enquêtes pénales, aux abus de confiance et escroqueries en tous genres, aux recherches de personnes ou d'objets volés, vérifications d'adresses, concurrence déloyale, tromperies diverses, malveillances, etc.
- Quelles sont vos spécialités et votre touche personnelle ?
Ma spécialité, en particulier, c'est la contre-enquête pénale. Il faut bien reconnaître que les services de Police et de Gendarmerie sont débordés par les dossiers à traiter. La procédure pénale ne leur facilite pas les choses, en limitant, pour les affaires de droit commun, la garde-à-vue à 48 heures maximum. Durant ce court délai, les enquêteurs doivent rechercher tous les éléments nécessaires à l'information du Procureur qui est, rappelons-le, l'accusateur public.
Nous nous trouvons donc dans un système inquisiteur qui pousse les enquêteurs "publics" à rechercher essentiellement les preuves à charge. Cela, bien sûr, au détriment d'une défense juste et équilibrée. L'avocat qui aura à défendre le dossier n'aura à sa disposition qu'une procédure à charge.
Mes connaissances en procédure et droit pénal me permettent d'apporter un regard différent et, depuis l'ouverture de mon agence, deux procédures particulièrement graves ont pu être traitées avec succès (viols agravés pour l'un, menaces et voies de faits avec arme pour l'autre). L'un de mes clients était en détention préventive depuis 11 mois. Il a pu être remis en liberté à l'issue de ma contre-enquête.
- Quelles sont les avancées importantes et les nouveautés dans votre secteur ?
Les avancées importantes dans mon secteur sont la création d'un Code de déontologie et d'un Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS). La tendance actuelle est la mise en place de structures officielles visant à reconnaître, aux détectives privés, leur participation active à la sécurité intérieure, aux côtés des forces de l'ordre traditionnelles (Police, Gendarmerie, Douanes, etc.).
Il n'est pas impossible de concevoir une augmentation des prérogatives reconnues aux enquêteurs de droit privé (détectives privés).
Image : Alpha Détective International