"Le sang de la trahison" d'Hervé Jourdain, Prix du Quai des Orfèvres 2014, rend hommage au 36 Quai des Orfèvres justement, où Zoé va traquer le premier tueur en série de sa carrière.
Hervé Jourdain, capitaine de police de la brigade criminelle et auteur de plusieurs romans, vient d'être recompensé par le Prix du Quai des Orfèvres 2014 pour son roman "Le sang de la trahison". Le "36" est à nouveau au coeur de son intrigue et Jourdain rend, ainsi, un nouvel hommage au Palais de Justice qui abrite la mythique brigade connue, tout simplement, comme la Crim'.
Dès les premières pages de ce thriller, nous plongeons dans le cerveau du tueur en série que va poursuivre la jeune "flic" Zoé, héroïne qui travaillait jusque-là dans une brigade des stupéfiants et dans la peau de laquelle Jourdain réussit à se glisser avec subtilité Le mobile des crimes ? La trahison et le désir de vengeance :
"J'ai beaucoup lu. Et puis j'ai beaucoup réfléchi. La vengeance, la passion, la justice, la clémence sont des notions que je maîtrise par coeur. La solitude vous forge un homme. Vous dire quand mon projet criminel a pris forme ? Je ne saurais le préciser exactement. Le temps d'apprendre que je suis devenu indésirable et que mon avenir professionnel est compromis. Le temps de tomber sur un bouquin qui liste les noms des traîtres..."
S'ensuit une intrigue au rythme frénétique où le lecteur, pris entre deux feux, suit, à la fois, les méandres de l'enquête de Zoé et de son groupe d'enquêteurs ("les seigneurs de la Crim'"), et le monologue intérieur du tueur en série. Le tout se déroule sur une scène qui devient un personnage à part entière : le célèbre 36 Quai des Orfèvres.
Le bâtiment mythique de "la Crim'", dont l'atmosphère très particulière palpite à chaque page du roman, alimente également les regrets de l'auteur, qui évoquait dans le quotidien Le Point, en décembre 2013, le futur déménagement du Palais de Justice dans le quartier des Batignolles, déménagement dont la date reste inconnue et dont le chantier a été paralysé à la fin de l'année dernière :
"C'est un hommage rendu au 36 et au Palais de Justice, à l'odeur et l'atmosphère des lieux. Les escaliers de bois, les couloirs étroits, les tapisseries abîmées, les peintures camouflées sous les posters, les vieux articles du Petit Journal du début du siècle vont laisser place à un univers lisse et aseptisé."
Les liens du sang, au coeur de la trahison évoquée par le titre du roman, nous poussent à imaginer, voire deviner, le secret gardé par Zoé et la traîtrise dénoncée par le criminel...
"Tueurs en série de génération en génération, ça reste une drôle de vocation ! Mais toujours au service de l'Etat. Fallait pas toucher à l'honneur de mes ancêtres... J'aime voir les flics s'agiter à cause de moi, voir leurs gyrophares bleuter les façades du Palais de Justice. Qui éliminera les traîtres à sa mémoire ?"
Photo : Éditions Fayard
